- Marc Boyer
- Guides de vol
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1. Analyser
Parvenu au sommet, la priorité est d’analyser la situation aérologique pour décider si le vol va être envisageable ou non. On observe donc le vent au décollage, en n’hésitant pas à faire, si c’est possible en sécurité, quelques gonflages pour tâter la nervosité de la masse d’air. On essaye aussi d’avoir des informations pour l’atterrissage.
Il faut également s’assurer que l’on n’est pas sous le vent d’une autre montagne proche ou d’un petit relief au sommet.


2. Le bon emplacement
Par rapport au vent et au relief, il y a sûrement un endroit optimum. Il s’agit d’être le plus possible face au vent, sans être trop proche d’un danger topographique. Décoller avec du vent fort, dos au cratère d’un volcan, entre deux crevasses, n’est pas forcément la meilleure option ! Observez bien le terrain : un petit replat, un petit cru peuvent éviter de voir votre aile soulevée par le vent (les tissus légers des ailes montagne sont sensibles au soulèvement quand elles reposent au sol). En cas de décollage de type falaise (cassure très abrupte), le sol peut être déventé et il sera problématique de gonfler la voile.
3. Se préparer vite
Si tout est ok, n’attendez pas ! La fatigue, l’appréhension, le froid, le vent, peuvent vous rendre hésitant et nerveux et les conditions peuvent vite évoluer. Le niveau technique, l’état de fatigue et la lucidité de chacun sont évidemment à prendre en compte. Chacun doit se préparer rapidement pour pouvoir profiter sans retard d’un bon créneau (baisse du vent, changement favorable d’orientation...). Il faut être prêt à décoller en quelques secondes dès que le créneau propice se présente. Perdre du temps ne serait pas sympa à l’égard des autres et notamment du plus aguerri qui décollera sûrement le dernier et ne pourra compter sur aucune aide.


4. La sellette accrochée à la voile.
L’ensemble voile / suspentes / sellette / accélérateur aura été soigneusement préparé et disposé méthodiquement lors du rangement de la voile dans le sac, de façon à ne pas perdre de temps et d’énergie. A haute altitude, ce n’est pas le moment de démêler ! Avec un peu de méthode et d’entrainement, on peut mettre moins de 3 minutes entre la voile encore dans le sac et l’envol.
5. Décollage boule
Dans du vent qui peut être assez fort, il faut une excellente maîtrise de la voile au sol. Vouloir étaler la voile est parfois difficile avec le vent. Une bonne solution est alors le “décollage boule”. C’est simple mais cela suppose une préparation spécifique de la voile et, en amont, un entrainement à cette technique de gonflage/décollage. Inversement, en l’absence de vent, l’important sera d’optimiser la prise en charge en restant pratiquement bras hauts durant la course d’élan avec très, très peu de frein pour s’arracher du sol.


6. Le cap, le cap !
Au sol puis dès que les pieds ont quitté le sol, priorité au cap. Car dans du vent qui peut être travers et sur un terrain où le danger peut être partout, il ne s’agit pas de se laisser embarquer par le vent vers des rochers, des crevasses ou l’abrupt. C’est le pilote qui commande, pas la voile : à nous de lui imposer le bon cap en pilotant.
7. S’écarter rapidement du relief
C’est essentiel pour la sécurité car on peut être surpris par une rafale, ou se trouver dans une zone turbulente, voire sous le vent sans le savoir. Donc s’éloigner du relief pour se mettre à l’abri ! C’est important également sur des décollages par vent supérieur à 25 km/h où l’on doit s’assurer de pouvoir avancer face au vent. Et n’oubliez pas de brancher l’accélérateur !


8. Restez calme et concentré
Une fois en l’air, les conditions peuvent être parfois impressionnantes, surtout pour un pilote fatigué par l’ascension et diminué par l’altitude. Au moindre problème (par exemple, une clé), il faudra pourtant s’efforcer de rester calme : respirer profondément, rester logique. Du bon sens, toujours ! Il ne faut surtout pas surpiloter ou prendre des décisions précipitées.
9. Une approche réfléchie
Durant la fin du vol, cherchez dès que possible des indices de la direction et de la force de vent à l’atterrissage. Choisissez une zone la plus dégagée possible. Prenez l’habitude de faire votre perte d’altitude au vent du terrain. Vous allez peut-être poser en altitude (si vous avez décollé à 5000 mètres, peut être poserez-vous à 4000) où l’air reste peu porteur, d’autant que vous serez peut-être chargé par le matériel de l’ascension (crampons, piolet, corde...). Ne vous laissez pas surprendre, gardez de la vitesse et soignez votre freinage final !


10. L'heure
En amont d’une course en montagne, planifiez votre ascension en fonction du vol : en montagne, il vaut toujours mieux décoller tôt, surtout dans des pays où l’activité thermique arrive parfois dès 9h du matin. Même en Europe, il vaut mieux poser avant midi pour éviter les forts vents de vallée.